37 ème missive - Coup de Théâtre

29/03/20

Ma génération, «my generation» n’avait pas connu de guerre en France et puis voilà que le monde s'échauffe et que la planète monte en température. Avec talent et prise de risque les photojournalistes rendaient compte des combats sur les différents terrains où des humains s'entretuent. Ils montraient chaque année des scènes qui font froid dans le dos, qui exposent le fond de la misère humaine, les victimes civiles, les innocents, les gens perdus… Par-dessus tout ça le civil ours blanc ou le civil thon rouge connaissent leur fin du monde…
Cette fin du monde que l'on sait venir mais qu'ignore la macro-économie mondiale, ce malheur écologique qui devrait rendre archaïque tout conflit si l'Homme était naturellement bon, cette fin du monde arrivera sans tarder. Il me souvient d'une annonce de fin du monde lorsque j'étais enfant… mes parents en rigolait… c'était risible, ça ne l'est plus.

Je m’souviens que j’marchais
Que j’marchais dans une rue…

…C’était plein de couleurs De mouvements et de bruits Une fille m’a souri
Et je me souviens que j’la suivais
Je la suivais…

Coup de théâtre, un virus portant couronne est arrivé il y a peu. La machine infernale se grippe, la croissance est en péril, des milliards sont mis sur la table pour contrecarrer les méfaits du covid-19, nos modes de vie soudain s’inspirent des siècles passés. Des gens meurent, la terre respire mieux, nous sommes confinés, inquiets ou angoissés, l’ours polaire reprend espoir… nous sommes en guerre… alors c’est donc ça, finalement ma génération aura aussi sa guerre ?

Et puis voici Que dans le ciel bleu de midi
De plus en plus fort j’entendis
Comme arrivant de l’infini
Ce drôle de bruit Ce drôle de bruit

Connaissez-vous… oui bien sûr, cette chanson de Nougaro intitulée « Il y avait une ville » ?

Le toulousain y évoque «un silence à hurler, à la place ou il y avait une ville qui battait »

Certes le corona virus n’est pas une bombe atomique comme dans la chanson mais pour nous, enfants de la paix, enfants gâtés, parfois pourris, ce gel soudain de la vie et cette sombre menace dont l’ombre porte sur plusieurs semaines, nous fait reprendre, pour un temps au moins, le sens des réalités. La liberté que nous prenons parfois pour un jouet et le bonheur que nous croyons nous être dû, marquent leur territoire et nous font la leçon.

Et la photo dans tout ça ? Rester chez soi est une injonction fort rébarbative, et surtout pour qui travaille principalement, « l’humain », « le paysage » ou « l’évènementiel ». Que reste-t-il de nos amours de prises de vue dans le confinement ? Précisément le confinement. Si j’étais maire ou responsable culturel disposant d’une salle d’expo je lancerais un concours sur ça, « photographier votre confinement ». En tous cas, n’imitons pas ceux qui confondent liberté et j’men-foutisme, il est des temps où les actes de chacun peuvent être responsables et intelligents ou imbéciles et criminels.

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