31ème missive – RONIS, CARTIER-BRESSON, DOISNEAU ET MOI

13/09/2018

Le téléphone portable a aujourd’hui investi toute la société depuis le mendiant assis devant le supermarché, jusqu’au propriétaire d’un grand yacht au mouillage dans une marina de luxe. Si ça n’est pas le signe d’une cohésion sociale réussie, c’est en revanche par ricochet un facteur de démocratisation de la photographie. Rares sont les téléphones mobiles qui ne sont pas dotés d’une fonction « prise de vue ». Un gosse âgé de dix ans en 2018 a toutes chances de déjà disposer de centaines de portraits de lui-même. Dans ce corpus numérisé il n’est pas hasardeux de supposer qu’une sur cent soit une image réussie. Les gosses ont déjà leur press-book.
Les enfants du milieu du vingtième siècle ont à l’inverse été peu photographiés par leurs familles. Les appareils photos étaient chers, leurs réglages nécessitaient une initiation, le nombre de prises de vue par bobine était limité, le développement et le tirage avaient un coût. La photo n’était pas le geste machinal et peu couteux d’aujourd’hui. En 2017 ce sont mille milliards de photos qui ont été prises par les seuls smartphones !
Un gamin, une gamine des années 50 et 60 n’étaient le plus souvent qu’un des personnages qui figuraient sur le cliché au milieu des parents, oncles et tantes ou voisins. Les portraits individuels n’existaient que dans le cadre scolaire et seulement si les parents y consentaient.
L’album de famille n’était souvent qu’une boite renfermant quelques dizaines de tirages modestes donnés par l’oncle ou la voisine et qui se mêlaient aux photos de mariages et autres grandes fêtes. L’enfant n’était presque jamais le sujet premier.
La botte secrète de cette génération devenue vieille, ce sont les photographes humanistes. Il suffit de se promener dans l’œuvre de Willy Ronis, d’Izis, d’Henri Cartier-Bresson ou de Robert Doisneau pour se reconnaître dans tel ou tel enfant immortalisé dans une rue.
Mes propres photos joueront-elle plus tard ce rôle pour quelques-uns malgré l’avalanche d’images sous laquelle nous croulons ?

Je livre dans les galeries comme pour chaque missive un aperçu photographique de mes « humanités »

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